Filigranes N°82
"Si rien de radical n'advient…"
Avril 2012

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Edito

"Si rien de radical n'advient …"


"Le temps des métamorphoses " II

 

Derrière l'intitulé pointent une menace, un danger, une incertitude. On espère peut-être l'intervention de quelque Deus ex machina, mais on s'attend au pire. Mine de rien, le pas suivant est suspendu.
Entre le présent rejeté - mais au nom de quoi ? - et l'avenir - une hypothèse, rien de plus - quel est cet invisible à l'œuvre et quels possibles liens ?
L'imprédictible est un monde en soi, moulé au creux de l'autre, un monde dans le monde. Depuis toujours, ce qui advient, qu'il soit risque ou chance, appelle l'écriture.

Il convient donc, avec panache ou non, de conjurer le destin. L'écriture nous propose ses services, ses ruses et ses masques.
Le pire - maladie, accident, revers de fortune, tremblement de terre et tsunami, guerre civile entre un peuple et son dictateur –, on l'esquisse, on le détourne, on l'esquive.
Le meilleur, on le narre : coup de foudre, réussite, soleil après l'orage, victoire du bien sur le mal, les anges embouchant leur trompette, flamboyante guérison, l'alliance inattendue qui secoue la pesanteur.
Si le désastre est déjà advenu, on le conjure en en faisant récit. Et même s'il est déjà raconté mille fois, on tente d'autres mots encore, une autre scansion du temps, afin qu'il reste… pour mémoire, qu'il fasse date.

L'impersonnel de l'intitulé ouvre à bien des possibles. Grand soir, ténacité du colibri, principe de réalité, révolution… dont on connaît les lendemains. Multiples sont les figures par lesquelles s'explore et prend corps cette logique causale abstraite et séduisante d'un "si… alors" qui feint de régler la question.

Chaque production est celle d'un auteur aux prises avec son double, une radicalité qu'il met en mots, en tension, en images dans un savant mélange d'appréhension et d'espoir. Qu'il se dévoile sujet parmi les sujets ou jouet de forces insurmontables, pour mettre à distance, il décline à sa manière le texte du désastre ou celui de la gloire, mais toujours dans l'ombre portée de l'affrontement.

Il y a l'avant, le pendant, l'après. Peut-être nous faut-il simplement apprendre à lire ce qui point, ouvrir l'œil et dévoiler enfin l'inattendu dans la langue.

Odette et Michel Neumayer
Carnoux, le 9 avril 2012

 

Sommaire

 

 Odette et Michel NEUMAYER Éditorial

MOTS EN BATAILLE

Christian CASTRY Résignés
Arlette ANAVE La Marseillaise
Paul RECOURSÉ Civilisations
Odette NEUMAYER Au tamis des mots
Jean BELLEVEAUX ...ma tête, l'ayant dévissée…
Pierre d'AVIGNON Oh ! Bonne mer...
Anouk JOURNO-DUREY Alliages
Christiane LAPEYRE Plus rien à dire ?
Chantal BLANC Comptine

(Re)CONFIGURER

Claude BARRÈRE Anne, ma soeur Anne
Marie-Christiane RAYGOT Descendre
Marie-Claude FOURNIER Derrière le mur
Didier BAZILE L'oeuf bien au dedans
Any SOUCHOT Le Sculpteur 22
Claude OLLIVE C'est une danse 24
Anne-Marie SUIRE Mes amis, mes souvenirs
Véronique JOYAUX Quelque chose existe...
Michel NEUMAYER Fin de partie
Michèle MONTE Nuages bas

CURSIVES 30

"Où va la poésie ?"
Une contribution de Claude BARRÈRE
Poète et militant des mots


LIGNES DE VIE

Anne-Marie BERNAD Le temps...
Bernard MORENS Déchirures
Anne-Marie SOUFFLET Chemins
Teresa ASSUDE Un trait la vie
Nicole DIGIER Clown, mon ami
Jeannine ANZIANI Dans l'ombre
Geneviè BERTRAND Naître
Annie CHRISTAU Parodie de rupture
Paul MARI Ta carte de Tokyo
Marie-Noëlle HOPITAL À plus
Jean-Jacques MAREDI Les Écrivants

Les graphismes des pages 16 – 29 – 41
sont de Claude BARRÈRE.

 

Hommage à Marcel Migozzi

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

   

 

FILIGRANES  (filigran) n.m. (1673) du lat. "filigrana" fil à grain).Ouvrage fait de fils de métal (argent ou or),de fils de verre,entrelacés et soudés. Dessin qui apparaît en transparence dans certains papiers.

(Fig.) Lire en filigrane, entre les lignes, deviner ce qui n'est pas explicitement dit dans le texte.