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Cette page donne un aperçu de nos ateliers de réflexion et de préparation des numéros à venir...    

 

   
   

"Passer outre"

Reflexion sur le numéro 80 à venir
15 mai 2011, Les Espillières, Aubagne.

 

Un atelier d'écriture…

Les consignes pour écrire

1 - Lecture de quelques textes évoquant un "passer outre".

(…) Orphée ne devait pas se retourner jusqu'à ce qu'elle soit revenue sous la lumière du soleil. Eurydice suivit Orphée dans le sombre passage, guidée par la musique de sa lyre, mais lorsqu'il revit poindre à nouveau la lumière du jour, il se retourna pour voir si elle était toujours derrière lui et ainsi la perdit pour toujours.

 

 

(…) Quand ses deux sœurs revinrent du Bal, Cendrillon leur demanda si elles s'étaient encore bien diverties, et si la belle Dame y avait été ; elles lui dirent que oui, mais qu'elle s'était enfuie lorsque minuit avait sonné, et si promptement qu'elle avait laissé tomber une de ses petites pantoufles de verre, la plus jolie du monde ; que le Fils du Roi l'avait ramassée, et qu'il n'avait fait que la regarder pendant tout le reste du Bal, et qu'assurément il était fort amoureux de la belle personne à qui appartenait la petite pantoufle….

 

 

BARBE BLEUE Charles Perrault

Un homme nommé « la Barbe bleue » dégoûte les femmes : il a une barbe bleue qui le rend laid et terrible et de surcroît il a déjà épousé plusieurs femmes, et on ne sait pas ce qu'elles sont devenues. Il propose à une voisine d'épouser une de ses deux filles, mais aucune des deux ne le souhaite. Finalement, l'une d'elles accepte grâce aux richesses de la Barbe Bleue. Un mois après les noces, la Barbe bleue doit partir en voyage. Il confie à sa jeune épouse un trousseau de clefs ouvrant toutes les portes du château, mais il y a une petite pièce où elle ne doit entrer sous aucun prétexte. Curieuse, elle pénètre dans cette pièce et elle y découvre tous les corps des précédentes épouses, accrochés au mur. Effrayée, elle laisse tomber la clef, qui se tache de sang. Elle essaye d'effacer la tache, mais le sang ne disparait pas car la clé est fée. La Barbe bleue revient en avance. Furieux d'avoir été trahi, il s'apprête à égorger sa femme, comme les précédentes. Comme elle attend la visite de ses deux frères, elle le supplie de lui laisser assez de temps pour prier. Il lui donne un quart d'heure et elle monte dans une tour, avec sa sœur, Anne, laquelle monte sur une partie élevée d'où elle cherche à voir si leurs frères, qui devaient les rendre visite ce jour-là, arrivent. La femme demande à la sœur à plusieurs reprises si elle les voit arriver, mais elle répète qu'elle ne voit que le soleil qui poudroie, et l'herbe qui verdoie. La Barbe bleue crie qu'il va monter pour la tuer. Finalement elles voient les frères approcher. La Barbe bleue est sur le point de tuer sa femme avec un coutelas, et la tient par ses cheveux, quand les frères arrivent, et le tuent à coups d'épée. Elle hérite de tout, aide sa sœur à se marier et ses frères à avancer dans leurs carrières militaires, et elle-même épouse un honnête homme qui la rend heureuse.



2 - Écriture d'un texte perso "dans l'entre-deux". Lecture et discussion.

3 - Lecture d'un extrait du psychanalyste Daniel Sibony.


"Nous avons vécu et pensé jusqu'ici sous le signe de la différence : différence sexuelle, différences entre autochtones et étrangers, différence entre malades et bien portants, entre normal et névrosé, entre mort et vivant (…) Il y a toujours eu un trait, une frontière qui départageait le tout, avec en deçà et au-delà, et qui faisait la différence (…) (Nous devons à présent considérer) que l'entre-deux est une forme de coupure-lien entre deux termes, à ceci près que l'espace de la coupure et celui du lien sont plus vastes qu'on ne le croit ; et que chacune des deux entités a partie liée avec l'autre. Il n'y a pas de no man's land entre les deux, il n'y a pas un seul bord qui départage, il y a deux bords mais qui se touchent ou qui sont tels qu'un flux circule entre eux (…)"

Daniel Sibony, Entre-deux – L'origine en partage, Seuil 1991.

4 - Discussion sur les liens existants avec nos préoccupations cette année à Filigranes.

 

6 - Écriture perso.

 

Invitation à Christian Castry…

 

Christian Castry Christian Castry  
Christian Castry Christian Castry  

Proposition d'écriture en regard du travail plastique de Christian Castry

Déambulation du regard sur les tableaux d'une exposition.

"Hommage au travail de l'artiste" : un texte, au choix…

  1. projet pour une expo (la thématique, l'orga spatiale, le dépliant)
  2. questions et réponses d'une interview fictive de l'artiste
  3. mettre en lien écrit deux ou trois tableau (soit un dialogue, soit …)
  4. Discussion : en quoi le passage par l’écriture nous fait voir autrement les œuvres

 

Textes

Interview fictive d'un artiste

Fili : Vous avez accepté d'exposer dans le cadre d'une association dédiée à l'écriture, est-ce par pure bonté d'âme ou pensez-vous faire des émules ?

V. X. : Ni l'un ni l'autre. J'expose comme je bois ou je mange. J'estime que les productions artistiques doivent être vues, que ce soit par un petit nombre ou un grand nombre de personnes. Il faut que l'œil soit sollicité pour que le cerveau baigne dans des stimuli divers. Derrière la toile, il y a l'homme, son rapport à l'espace, à la couleur, aux choses et aux mythes.

Fili : Pouvez-vous témoigner d'une progression dans l'ensemble de vos œuvres exposées ?

V. X. : Je chemine entre les visages, les natures mortes, les paysages. Les couleurs qui sont les miennes parlent assez de mes états d'âme. Elles me permettent d'organiser mes mondes, de les séparer, et d'y introduire l'insolite.

Fili : Comme tous les artistes, vous avez vos filiations, vos z'auteurs fétiches. Donnerez-vous quelques noms ?

V. X. : Difficile, car mes œuvres s'inspirent de mes prédécesseurs et font la synthèse, mais au passage, je pourrais citer Jean Le Gac, pour l'histoire racontée par le tableau ; Morandi, qui aimait tant peindre plusieurs fois et durant des années la même disposition de flacons. Pour l'intensité du vert, je me rapprocherais de Véronèse. Quant à ma prédilection pour les zones floues, où il semble ne rien se passer, c'est là que je pose le mystère… Fili : c'est bien ainsi que nous avons le plaisir de regarder cette exposition !

Odette Neumayer.

 

Dialogue entre deux tableaux

 - Salut tableau au pichet vert. S’il te-plaît, confirme-moi mon intuition, ne sommes-nous pas cousins ?

- Probablement oui. Fort probable, tableau à la bouteille mais euh… cousinage lointain ! Parce que… regarde attentivement… ma femme couchée, mon village perché… ne trouves-tu pas que ma perspective est plus grande ? Que le regard qui se pose sur moi va bien plus loin ?

- Je te trouve fort fat, tableau au pichet vert ! Certes, je suis une nature morte mais l’ambiance que je dégage, l’odeur de la campagne environnante, la chaleur de cette salle de ferme où j’ai été élaboré, ne la sens-tu pas ? Et cette vieille paysanne qui a disposé la bouteille et les brocs sur la table… ne l’imagines-tu pas ? Elle n’est pas très loin pourtant, juste là, derrière le peintre, elle le surveille. C’est qu’elle n’a pas l’habitude que quelqu’un lui aligne artistiquement ses objets du quotidien pour créer… quoi ? Un tableau ? A encadrer ? A accrocher ? Où ??? Elle est inquiète…

- Tu veux une réponse ? Et bien… à mon avis, tu ne m’as pas vraiment regardé ! Je pense que tu es passé trop vite devant moi. Ces maisons étroites sur ma droite, elles ne te racontent rien ? C’est impossible ! Et cette silhouette féminine allongée juste à côté de ce rai de couleur jaune, tel une route ensoleillée…

- Fais un effort, c’est peut-être un rêve qui passe…

Jeannine Anziani

 

La galerie va fermer. Il ne reste plus que deux personnes, assises, qui laissent déambuler leur regard sur les tableaux.

Première personne - soliloquant - "Je me demande pourquoi l'artiste a fait des natures mortes, des cuivres si... léchés ?"
Deuxième personne se raclant la gorge : Hum, Madame, bonjour... ben, " l'artiste", c'est moi. Pourquoi vous étonnez-vous des aiguières, brocs, carafons et autres ? Vous ne les aimez pas ?
-  Non, ce n'est pas ça. Mais pour moi, ce n'est pas en relation avec les autres toiles.
-  Ah bon !
-  Est-ce que vous avez peint ces deux séries en même temps ? Avec le même état d'esprit ? 
- Attendez que je me souvienne... Et en quoi cela vous interroge-t-il?
- Et bien les personnages me semblent en questionnement, en inquiétude, en désertitude. Et les autres, les natures mortes, un peu bourgeoises, posées, paisibles, où le temps s'arrête.
 - Pour moi, ce n'est pas statique, il y a tout un cheminement intérieur dans la création d'un tableau que je vois souvent émerger à mon insu.
- Vous êtes heureux quand vous avez fini une toile ?
L'homme se lève et en s'en allant lui dit : Je n'ai jamais fini, je ne suis pas heureux ou malheureux. J'exprime seulement les vents qui me traversent : alizés, cyclone ou bise. Je vois que votre dada, Madame, c'est de figer le temps pour y coller des étiquettes... mais si ça vous convient, pourquoi pas ?

Nicole Digier