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Le 29 septembre 2002 a été présenté à Manosque le livre "Comme un autre dans la ville", un ouvrage produit de septembre 2001 à juin 2002 à l'initiative de la "Bibliothèque Hors les Murs" Service culturel de la Mairie de Manosque 04100 MANOSQUE (France). (Coordination du projet : Marie-Elisabeth Levêque).

Cet ouvrage est le fruit d'un vaste atelier d'écriture mené dans huit structures différentes (Collège, Centre de Loisirs, Organisme de formation, Lieu d'accueil pour adultes, Structures associatives, Local municipal pour les jeunes, Lycée professionnel, etc.) 

Plus d'une centaine de personnes ont participé à ce projet, dont le volet formation a été porté par Odette et Michel Neumayer.


L'histoire de ce projet
est racontée dans
"Le livre du livre"
téléchargeable format pdf 
cliquer ici
(350 ko)

 

Le livre peut être commandé auprès de la BHM Service culturel de la Mairie de Manosque
04100 MANOSQUE
Prix : 2 euros + frais d'envoi.
188p., format 14x21 

Préface 

Parce qu'une ville a besoin d'être parlée…il sera question dans ce livre d'enfants, d'adolescents et d'adultes, toutes générations confondues, tous, tout simplement, manosquins, qu'ils le soient depuis toujours ou d'hier, voire d'aujourd'hui.

Parce qu'ils sont familiers de cette ville, parce qu'ils y vivent entourés de leurs parents et amis, dans leur micro-société ; parce qu'ils connaissent l'Histoire et en savent long sur mille et uns faits qui font la vie de ce coin de Provence, de la Porte Soubeyran à la Porte Saunerie, du Mont d'or aux Vannades et jusqu'à Sainte Tulle, et qu'ils ont voulu raconter cela, ce livre est né. Et chacun sait que les histoires naissent de la rencontre.

En effet, le ressort de la fiction, ce qui fait que les dix textes ici réunis forment un tout, c'est l'irruption de l'inconnu dans le connu. Ce sont les ondes de choc que l'inattendu déclenche dans les cœurs et dans les esprits, avec comme décor Manosque en partage…

Au lecteur de savourer la variété des manières de traiter cela, de mettre des mots sur l'expérience, de tisser les dialogues, les descriptions, les grands et petits moments narratifs. Tout en la matière est inventé, tout est authentique ! Ce n'est qu'une affaire de miroir tendu… cette confrontation avec l'alien, l'autre, le divers, le divergeant, le multiple.

Des rencontres
et ce qui s'ensuit

Au premier abord, ces "aliens" sont des acteurs presque familiers : un nouvel entraîneur sportif, une vendeuse de journaux à la sauvette, un énigmatique cercle de poètes amateurs de football, un animateur qui propose à des jeunes d'écrire une fiction, un capitaine énigmatique, des jeunes filles de bonne famille, un promoteur immobilier en quête d'un terrain pour un supermarché, un conteur d'ici et d'ailleurs, un virtuose de cirque en chaise à roulettes, un mystérieux homme au volant d'une BMW…

Pourtant, c'est souvent de ce qu'il semble le plus proche que surgit un jour le petit détail qui dérange et oblige à penser autrement ! Un fait, un geste qu'on n'imaginait pas jusque-là et qui déconcerte ; un argument que l'on a toujours rejeté et que l'on finit par adopter parce que le point de vue a changé soudain ; une question que l'on ne s'était jamais posée et qui incite à revenir sur l'histoire commune, à établir des liens ; une personne qui porte sur vous un regard neuf ; un événement qui bouscule tout et vous métamorphose, etc.

Ce livre est aussi le fruit
d'un défi politique et culturel. 

Défi de la part du Service de Développement culturel de Manosque et de ses responsables qui ont soutenu le projet dans toutes ses phases en offrant à chaque groupe, à chaque structure, la possibilité d'écrire à son rythme et pourtant collectivement, solidairement et non solitairement.

L'invitation était de se retrouver autour d'un projet commun : un collège, un lycée professionnel, un centre de loisirs, un centre culturel, un organisme de formation, un lieu de vie pour hommes seuls, la bibliothèque hors les murs et d'autres encore.

Défi de poursuivre l'expérience vécue en 2000 qui suscita le livre intitulé : Place des Quatre sans Nom (1). Transformer l'essai en vivant à nouveau pendant un an, ensemble, l'aventure de l'écriture, en suivant le beau et difficile chemin qui va des balbutiements initiaux au livre imprimé, en passant par toutes les étapes de la création : de la réflexion sur le projet aux lectures nourricières, de la production de premiers fragments au montage d'un scénario, sans nier les moments de doute, sans sous-estimer les jubilations, les découvertes, les apprentissages, mais aussi l'angoisse de savoir si "on bouclera" et le soulagement quand tout semble enfin ficelé !

Inviter les participants à échanger les productions, à se relancer mutuellement, à être chacun pour l'autre le premier lecteur, le plus exigeant des partenaires, celui qui vous dit que tel moment est déjà bien intéressant, que tel passage mérite un meilleur traitement, que tel autre pourrait être prolongé, fut plus qu'une découverte. Ce fut un grand moment de coopération, une utopie traduite en quelques actes simples.

 Permettre à tous ceux qui avait pris l'engagement d'écrire, d'ouvrir les yeux sur leur ville et sur ses habitants, de mieux regarder les rues, d'entendre ce qui s'y dit, de lire ce qui y est déjà écrit, fut aussi une manière d'établir des passerelles avec les poètes, eux qui redoublent de notes tout ce que le monde leur offre et nous le restituent métamorphosé en récits, en mythes, en histoires.

A tous ces auteurs d'un jour
nous avons confié nos secrets, 
notre boite à outils, notre expérience.
 Non pas une méthode, plutôt un état d'esprit. Nous l'avons fait par le truchement d'ateliers d'écriture que nous avons mené dans le cadre d'un groupe de pilotage. C'est lui qui a ensuite été porteur du pari que ce nouvel ouvrage qui présenterait Manosque et ses habitants, qui serait écrit par eux et pour eux, levant le voile sur ce qu'ils ont dans le cœur, était possible. Un récit multiple, sans fard, mais sans se priver non plus des fastes de l'imaginaire et de l'imagination.

 Que ce livre ait finalement été produit par autant de personnes, aussi diverses que des enfants qui découvrent le bonheur des histoires, des jeunes qui apprennent l'écriture, des adultes que la vie a durement éprouvé, sans oublier tous les autres, passants "ordinaires", hommes et femmes du commun à l'ouvrage est un grand bonheur. Que les formes pour le faire soient multiples, du récit classique au montage de fragments, de l'enquête policière au conte, qui s'en plaindrait ?

 C'est ce groupe de pilotage qu'il nous faut remercier ici pour son enthousiasme, son inventivité chaque fois qu'il a eu à transmettre, à transposer, à adapter et finalement réinventer pour son propre public ce qu'il avait pu découvrir lors de ses séances de formation. Sa ténacité aussi doit être soulignée, celle de faire valoir jusqu'au bout, auprès de son public, les contraintes communes : écrire un texte dont Manosque serait le théâtre, autour de la rencontre entre une micro-société et un alien ; le faire ensemble et en coopération ; en une année scolaire ; avec l'objectif d'une publication dont la date impérative était connue de tous.

Mais écrire un livre
ce n'est pas qu'écrire un livre.
Tous, nous avons pu vérifier que proposer l'écriture, le faire à autant de personnes à la fois, et si différentes, n'est jamais affaire acquise. L'accès au savoir et à la culture, la revendication du droit à la fiction sont loin d'être chose partagée entre habitants d'une même ville. Les freins sont ici multiples, la sous-estimation de soi et de ses capacités en est une et non des moindres.

Les objectifs propres à chaque structure ne pouvaient donc être les mêmes et les textes proposés ici ne répondent ni aux mêmes enjeux, ni au mêmes conceptions de ce qu'est un texte et de ce qui peut en faire la qualité. Les autorisations que chaque écrivain s'est données, les audaces qu'il s'est permises, les obstacles qu'il s'est mis sur son chemin, ne sont pas les mêmes non plus. Quand les uns avaient hâte de produire un écrit fini, socialisable et socialisé, et confortaient ainsi des apprentissages fondamentaux de cours de français, d'autres apprenaient – pour la première fois peut-être - à s'insérer dans un projet-grandeur-nature-et-collectif-je-vous-prie, d'autres encore apposaient non sans réticences une fragile signature au bas d'une feuille manuscrite, d'autres enfin tentaient, pour la première fois eux aussi peut-être, de se libérer par l'écriture de ce qui les hante et souvent les stigmatise.

Nous sortons de cette expérience
transformés nous aussi,
mais plus que jamais convaincus qu'écrire est un épreuve existentielle qui nous confronte à la question de la place que nous voulons occuper dans la société, à l'usage que nous voulons faire des normes et de leur possible dépassement, au temps et à sa gestion, à l'inépuisable réel, à la langue enfin, fascinante et si compliquée parfois.

Les écrits donnés à lire ici sont tous parlants. Ils opposent un gai et émouvant démenti à tout ce qui pourrait nous rendre pessimiste. Oui, le récit n'a pas perdu de son charme et le jardin des mots de son alacrité…

 Odette et Michel Neumayer
Analystes du travail et animateurs d'ateliers d'écriture

(1) , premier livre collectif
 produit par douze structures manosquines, 
un projet initié par la Bibliothèque hors les Murs 
et le Service de Développement culturel 
de la Ville de Manosque, 
publié par les Ateliers du Ricochet (Manosque 2000).

 

Lire "Le livre du livre"

 

 
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Dernière modification : 16 novembre 2010